ÉTOILE-SAINT-CYRICE - L'église Saint-Cyrice

Aux XIXe et XXe s., les habitants d’Étoile, libérés de l’obligation d’utiliser le moulin seigneurial, préfèrent se rendre à celui de Saint-Cyrice. Ce choix leur permettait d’éviter un long détour, car le moulin de leur propre village, situé bien plus loin, souffrait de l’absence de source hydraulique à proximité. À cette époque, l’activité du moulin de Saint-Cyrice se développe considérablement. En 1936, alors que la commune ne compte que huit habitants, la moitié vit au moulin.

La politique de reforestation menée pour lutter contre l’érosion, ainsi que le développement des voies de communication modernes, comme le chemin de fer ou les routes principales, dont Saint-Cyrice ne bénéficie pas, isolent peu à peu le village. À mesure que les terres agricoles sont progressivement gagnées par la forêt, les habitants quittent les lieux. Le village tombe alors peu à peu à l’abandon. En 1968, pour éviter sa disparition administrative, Saint-Cyrice est rattaché à la commune voisine d’Étoile-le-Château, qui devient alors Étoile-Saint-Cyrice.

L’église de Saint-Cyrice regorge de symboles, à commencer par son orientation : parfaitement alignée est-ouest, elle permettait aux fidèles d’entrer par l’ouest, là où le soleil se couche, et de sortir par l’est, là où naît la lumière. Un parcours symbolique vers la lumière, très courant dans l’architecture religieuse romane. Mais depuis plus de cinquante ans, plus aucun office religieux n’y est célébré. Ce désusage a entraîné une dégradation progressive de l’édifice, aujourd’hui très fragilisé malgré son inscription aux Monuments historiques.

Le 4 mars 1978, un glissement de terrain dans le quartier de Bonnefont, à Saint-Cyrice, provoque le déplacement de terres sur près de dix hectares. Il crée alors un impressionnant escarpement d’une vingtaine de mètres de hauteur. Aujourd’hui encore, on peut observer cette cassure, bien que partiellement estompée par l’érosion, qui s’arrête à seulement quelques mètres de l’église. Ce type de phénomène peut survenir lorsqu’une poche d’eau se forme dans le sol, à la suite de fortes pluies ou d’une canalisation bouchée, puis cède brusquement, emportant tout sur son passage.

Le Parc naturel régional des Baronnies provençales, en partenariat avec l’association La Belle Étoile, a organisé plusieurs chantiers participatifs pour préserver les vestiges du village abandonné de Saint-Cyrice. Grâce à ce travail bénévole, la calade (pavage en pierres) du parvis de l’église a été dégagée, tout comme l’ancienne rue principale, visible dans la pente à gauche de l’église. Les participants ont également bâti un muret en pierre sèche pour retenir la marne et empêcher son effondrement sur le sentier.

L’église de Saint-Cyrice a survécu à plusieurs épreuves majeures. En 1574, lors des guerres de religion, elle a été partiellement incendiée, des traces restent visibles à gauche de la fenêtre principale, où les pierres en grès ont été rougies par le feu. Plus récemment, en 1978, un glissement de terrain provoqué par de fortes pluies s’est arrêté à seulement quelques mètres de l’édifice. Aujourd’hui abandonnée, l’église subit de nombreuses détériorations.

En 1980, un Parisien a failli racheter l’église de Saint-Cyrice pour en faire sa résidence secondaire, proposant 40 000 francs. Pour une commune alors endettée, c’était une bonne offre, et le conseil municipal l’a acceptée. Mais l’administration préfectorale a refusé la vente, invoquant un argument culturel. Cet épisode a eu le mérite de susciter la mobilisation d’une association de sauvegarde du patrimoine, qui a demandé le classement de l’église aux Monuments historiques.

Dès 1908, l’Administration des Eaux et Forêts s’emploie à reboiser les pentes. Elle rachète des terres agricoles aux habitants de Saint-Cyrice afin de planter des pins noirs d’Autriche (Pinus nigra). Cette opération, appelée Restauration des Terrains de Montagne (RTM), vise à recréer un tissu forestier pour maintenir les sols et limiter l’érosion, faute de racines capables d’empêcher les glissements de terrain. La forêt remplace alors les champs de lavande et contribue à l’abandon progressif du village par ses habitants.