MURS - Amonts des gorges de Véroncle
« Le sentier des gorges est un luxe offert au visiteur pour oublier le temps, se laisser envahir par les grands espaces, sentir l’harmonie entre la nature avec sa rudesse et l’empreinte de l’homme qui y vit. Les paysages qui nous ont été légués ont été en partie façonnés par l’activité humaine et reflètent son génie d’adaptation aux contraintes et aux possibilités du milieu. Bel équilibre, qui reste cependant fragile ! ». Anne-Marie Le Mat, ancienne maire de Murs, déléguée au PNR Luberon.

Crillon le Brave, vie de guerrier
Au cœur du village de Murs, se dissimule la maison où naquit Crillon le Brave en 1543. Né Louis de Berton des Balbes, il deviendra Crillon et ne cessera plus de guerroyer. Il accompagna 5 rois de France, Henri II, François II, Charles IX, le Duc d’Anjou devenu Henri III, et c’est Henri IV, dont il fut le compagnon d’armes, qui le nomma brave Crillon. Sa vie ne fut que batailles, blessures et succès. Il s’éteignit en 1615 à Avignon, victime de ses innombrables blessures.

Le fossé de Murs
Le village de Murs domine vers le sud-ouest une dépression occupée par des terres cultivées. Ces terrains épousent parfaitement des affleurement de calcaires et d'argiles bordés par une imposante masse calcaire. Il y a environ 35 millions d'années, à l'Oligocène, des cassures profondes (failles) ont délimité une zone qui s'est enfoncée progressivement : un fossé d'effondrement. C'est l'histoire du fossé de Murs, qui est aussi celui de Sénanque...

Les prairies de Murs
Jusqu’à la fin du XIXe s., les 15 ha de prairies naturelles de fauche et de pâture de ce fond de vallée étaient en partie submergés par l’eau du barrage alimentant les moulins des gorges. Aujourd’hui, ces prairies constituent des zones humides, supports de biodiversité, qui jouent le rôle de stockage d’eau, d’épuration, de protection contre l’érosion des sols et de ralentissement du ruissellement. Elles occupent également une place importante dans l’économie agricole locale axée sur l’élevage.

Petite garrigue à Genêt de Villars
Sur ce coteau aride, vous pouvez observer un discret genêt plaqué au sol : le Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii). Son aspect chétif constitue une adaptation aux milieux exposés et secs : il transpire peu ! Bien que craignant la concurrence des autres espèces, il daigne partager son habitat avec quelques voisins triés sur le volet, dont ici la rare Minuartie à feuilles capillaires (Minuartia capillacea), plante de la famille des œillets aux belles fleurs blanches.

Une carrière mystérieuse
Les surfaces rocheuses sur le bas côté du sentier, laissent deviner d'anciennes traces d'extraction de blocs. Chacun était découpé par une saignée sur 3 cotés. On peut encore distinguer les coups de pics puis la base était éclatée avec des coins en bois gorgés d'eau. Cette carrière a peut-être servi à la construction du barrage... ou du Moulin. Ce qui est curieux, c'est que la roche n'est pas de bonne qualité, marron, friable. Elle est "microcodiomitisée" c'est à dire "digérée" par des bactéries: microcodiums.

Les moulins de Véroncle
Depuis l’imposant barrage des étangs (aujourd’hui comblé) sous le village de Murs jusqu’au hameau des Cortasses, une dizaine de moulins à farine ont fonctionné du XVIe jusqu’à la moitié du XIXe s. Malgré les lieux difficilement accessibles, se succèdent au fil du ravin des aménagements d’une rare qualité : conduites forcées et canaux taillés dans le roc, réservoirs, murs de soutènement…

Le barrage de l'étang
Construit au XVIe s., ce grand réservoir servait à alimenter les trois premiers moulins des gorges appartenant au seigneur de Murs. Il servait également de réserve de pêche. Plusieurs fois remanié au cours des siècles, il ne fonctionne plus aujourd’hui mais demeure en place. Deux murs parallèles de 80 m de long retenaient un amas de terre formant un barrage-masse. Sur une chaîne d’angle, on distingue un écusson daté de 1584 qui pourrait correspondre à une date de remaniement de l’édifice.

Le moulin de l'étang
Premier moulin des gorges et situé sur les terres du seigneur de Murs, le bâtiment actuel fut sans doute construit au XVIe s., comme en témoigne la date de 1581 sur le linteau d’une porte. Il fut agrandi sans doute au XVIIIe s. et plus récemment transformé en habitation privée. Initialement, il fonctionnait avec une roue horizontale transformée en roue verticale à la fin du XIXe s. Il était alimenté par une resclause (petit réservoir en amont) située à proximité de l’ancien étang.

Le moulin du Dévissé
Il s’agit du deuxième moulin des gorges sur le territoire de Murs. Construit également au XVIe s. comme l’indique la date 1573 gravée sur une pierre de la porte d’entrée, il est aujourd’hui en ruine. Il était alimenté par un béal (un canal) qui n’est autre que la fuite du moulin de l'étang. On ne distingue aujourd’hui que la salle des meules dont l’une est en silex. En dessous, se situait la chambre des eaux aujourd’hui obstruée, et au-dessus l’appartement du meunier.

Le moulin de la Charlesse
Troisième moulin des gorges sur le territoire de Murs, il repose sur le même principe constructif que les deux premiers (une chambre des eaux sur laquelle est disposée la salle des meules puis l’habitation). La date de 1753 gravée sur une pierre correspond plutôt à un remaniement qu’à la construction initiale. On distingue ici facilement le canon en pierre de taille qui permettait de créer une chute d’eau donc une force motrice entre la resclause en amont et la salle des eaux en contrebas.

L'étonnante linaire couchée
En floraison d’avril à octobre, la linaire couchée (Linaria supina) est une plante de petite taille (moins de 20 cm). Ses fleurs jaune pâle, à palais jaune soufre sont regroupées en grappe. Elle aime se développer dans des endroits rocailleux comme dans les petits éboulis des versants empierrés des gorges de Véroncle. Grâce à un important réseau de racines longues, un peu de terre fine entre les pierres suffit à la linaire, qui en cas de déplacements du sol, reconstitue sa colonie un peu plus loin.

Les gorges de Véroncle
L’écoulement des eaux entre le petit fossé d’effondrement de Murs situé sur les hauteurs du plateau calcaire et le bassin d’Apt en aval, a creusé cet imposant canyon dit "de raccordement". Puis l’action corrosive des eaux de pluie chargées en gaz carbonique a, petit à petit, agrandi les fissures par dissolution jusqu’à créer de véritables réseaux souterrains. Les gorges de Véroncle ne sont plus, ou presque plus, empruntées par l’eau mais renferment un patrimoine remarquable.

Meuniers à tout faire !
Dès le XIXe s., on note une insuffisance d’eau et l’impossibilité de faire fonctionner les moulins de Véroncle plus de deux mois dans l’année. Alors pour s’adapter, les meuniers ont dû trouver d’autres sources de revenus. C’est ainsi qu’ils se lancent dans des petites unités d’élevage, de la polyculture, du bois de chauffage ou encore des vers à soie ! Et quand l’eau déniait bien couler dans les gorges à nouveau, ils reprenaient pour un certain temps leur métier de meunier.

La disparition des moulins
Le phénomène karstique, la dissolution de la roche calcaire par l’eau, et les sécheresses aggravées auraient contribué à l’appauvrissement de la ressource en eau, déjà rare dans les gorges. A ce phénomène s’ajoute l’ère industrielle et l’abandon progressif de la plupart des moulins de France au XIXe s. au profit des Grands Moulins industriels. Enfin, le bruit court qu’un séisme aurait peut-être sa part de responsabilité dans la disparition des moulins de Véroncle, fissurant le barrage en amont.

Le moulin Jean de Marre I
Il s’agit du premier moulin sur le territoire de Gordes. Construit au XVIe s., il fut agrandi au XVIIIe s., comme en témoignent les collages de maçonneries. Il est de construction plus complexe sur 4 niveaux : la chambre des eaux, la salle des meules, le grenier à grains et l’habitation (on distingue encore une cheminée et un évier). Au XIXe s., une exploitation agricole autonome s’y développe avec des terres labourables, des vignes, mûriers, oliviers, amandiers, cochons, poulailler…

Cascade de tuf
La chute d'eau où fut stratégiquement implanté le moulin Jean de Marre I constitue également une belle curiosité naturaliste, dénommée tuf ! Produit du calcaire dissous redéposé, ayant fait prisonniers débris végétaux et animaux, le tuf est une roche très tendre et friable. Lorsque le cours d'eau n'est pas à sec, il est le siège d'un cortège luxuriant de mousses et fougères appréciant particulièrement l'humidité saturée des lieux. Cet habitat est toujours rare et localisé en Provence.

Ici, le temps s'arrête...
Entre Ventoux et Luberon, ce massif calcaire très boisé s'ouvre sur de rares parcelles agricoles. La présence contemporaine de l'homme est discrète mais la grande richesse du patrimoine de pierres sèches rappelle sa présence historique. Un réseau de petites routes sinueuses et d'anciens chemins mûletiers vient desservir les villages perchés adossés au massif. Ces routes, ponctuées de remarquables chênes, renforcent le caractère bucolique de cette campagne qui parait figée comme hors du temps.

Première chaufferie bois-énergie de PACA
L'ensemble de Rémourase abrite la toute première chaufferie bois-énergie collective du Luberon… et même de la région ! Installée en 2000 lors du réaménagement d'une ancienne colonie de vacances, elle permet de chauffer 6 logements sociaux, un gîte d'étape, une salle communale et 5 locaux professionnels. Il s'agit d'une énergie renouvelable qui contribue à l'entretien et la valorisation des forêts du territoire. Depuis, plus de 40 chaufferies de ce type ont été réalisées en Luberon.

Le château de Murs
C’est vers l’an 1000 que les terres de Murs sont données à la famille d’Agoult qui va y construire un château. Pendant quatre siècles, il constituera principalement une place-forte pour les soldats du seigneur et un donjon y est edifié. Succédant à la famille d’Agoult, ce sont les armes de la famille d’Astouaud que vous apercevez sur la grille du château. L’église, de style roman, fut construite au XIIe siècle à l’intérieur de l’enceinte du château. L’ensemble étant privé, il ne se visite pas.
Description
À l’entrée est du village, au carrefour de la D4 et de la D15, prendre juste en face la cour d’école, la petite route qui descend. Sortir du village, passer une belle épingle, puis plus bas (point 447) s’engager en face sur la piste. 700 m plus loin, ne pas rater à droite le départ du sentier (PR). Descendre deux lacets rocailleux, passer les ruines de l’ancien barrage et le moulin des Étangs, puis continuer en fond de vallon. Passer le moulin du Devissé et s’avancer encore.
1- Devant les ruines du moulin de la Charlesse et de sa conduite forcée, s’élever à droite sur un sentier rocailleux qui serpente sur les contreforts des gorges (PR). Basculer à gauche en haut du sous-bois et prendre encore à gauche à la croisée d’un sentier.
2- Au carrefour ’’Vezaule’’, poursuivre à gauche le sentier en balcon (PR). Après quatre épingles, déboucher dans le fond des gorges.
3- Au carrefour ''Jean-de-Marre", faire un court aller-retour à droite pour découvrir le moulin Jean-de-Marre. Le contourner par la droite et atteindre la cascade située juste en amont du pied de la ruine. Ensuite, revenir sur ses pas jusqu'au carrefour ''Jean-de-Marre" (point 3). Cette fois, partir tout droit, dépasser une dalle de rocher (ne pas gravir à droite l'ancienne trace bien trop raide), et continuer le sentier en bord de rive (PR). 200 m plus loin, après un petit ressaut, traverser à gué, emprunter le sentier sur la rive opposée en direction de l'aval (PR). Gravir deux raidillons caillouteux, rejoindre l'ancienne trace directe, virer à gauche et et poursuivre la montée (PR). Aboutir au plateau, et continuer le sentier jusqu’à la piste.
4- Au carrefour ‘’Lauzière’’, virer à gauche et remonter la piste (PR). Franchir deux virages, passer l’entrée du camping et poursuivre la petite route du Bois d’Audibert. Au carrefour routier juste après l’entrée du centre de vacances, poursuivre à gauche. Gagner la D4 (calvaire), tourner à gauche et rejoindre le cœur du village de Murs.
Profil altimétrique
Recommandations
Attention aux chevilles sur les quelques passages raides et rocailleux ou caillouteux.
Avant le point 1 et après le point 3 : passages en fond de ravin et passage à gué qui peuvent s'avérer délicat après un gros orage. Ne pas hésiter à faire demi-tour en cas de crue !
Lieux de renseignement
Luberon Géoparc mondial UNESCO
60, place Jean Jaurès, 84400 Apt
https://www.parcduluberon.fr/unesco-geoparc/
stephane.legal@parcduluberon.fr
+33 (0)4 90 04 42 00
Maison du Parc naturel régional du Luberon
60, place Jean Jaurès, 84400 Apt
https://www.parcduluberon.fr/
accueil@parcduluberon.fr
+33 (0)4 90 04 42 00
Au cœur du centre ancien d’Apt, la Maison du Parc du Luberon vous accueille dans un hôtel particulier du XVIIIème siècle.
Informations touristiques et vente de livres, cartes, topoguides.
Musée de géologie, visite gratuite.
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h30.
OTI Pays d’Apt Luberon
788 avenue Victor Hugo, 84400 Apt
http://www.luberon-apt.fr/
oti@paysapt-luberon.fr
+33 (0)4 90 74 03 18
Du 1er avril au 30 septembre
Ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.
Juillet et août : Ouvert dimanche et jours fériés de 9h30 à 12h30
Du 1er octobre au 31 mars
Ouvert du lundi au mardi et du jeudi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.
Fermé le mercredi, dimanche et jours fériés.
Accès routiers et parkings
À 17 km d'Apt par la D4 et D2.
Stationnement :
Source

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